Publié le 16 mars 2012 | par Rédaction

Toute marque voulant survivre doit avoir le sens de l’Histoire. C’est ainsi que l’alliance de Fiat avec Chrysler a permis de redéfinir la place de Lancia dans le marketing du groupe, autant que sa place sur le marché. La Thema et le Voyager sont les premières expressions de ce nouveau pari.

“It’s a collection of the best components you can find : it’s a global car ”, nous annonce Saad Chehab, responsable des marques Chrysler et Lancia pour le monde : oui, la Thema se veut une synthèse technique de ce que l’Américain et l’Italien peuvent avancer de plus performant sur un segment différemment défini selon les continents où elle sera vendue.

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C’est là le défi d’un véhicule “global”, mais c’est aussi sa plus grande faiblesse : à vouloir séduire partout, on risque de ne plaire nulle part. Pourtant, l’équation présentée sous les traits de la Thema ne démérite pas. Ainsi, ceux qui recherchent un rapport prix/prestations performant auront tout intérêt à faire entrer cette berline tri-corps dans leur champs d’investigation. Toutefois, outre la parenté génétique visible avec la Chrysler 300, l’obstacle d’une TVS bien trop élevée risque fort de fermer les portes de l’entreprise à cette “brand new Thema ”.

Funambulisme esthétique et comptable

Les puristes et autres fanatiques de Lancia peuvent porter un crêpe noir. Les rondeurs sensuelles des dernières turinoises disparaissent avec cette Thema directement inspirée du style d’outre-Atlantique. De fait, on peut regretter son trop proche cousinage avec la Chrysler 300, particulièrement évident sur la face arrière, d’autant qu’elle a été associée à la nouvelle plateforme LX conçue par le constructeur américain. Plus pragmatiquement, on remarque que le profil a été redessiné, avec des vitres plus hautes pour faire oublier le côté “bad boy” de l’aînée, tandis que la face avant adopte des standards stylistiques plutôt européens.

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Rejoignant les cotes des classiques de son segment, la Thema présente des qualités esthétiques susceptibles de plaire à ceux qui souhaite marquer une rupture avec l’éternel triptyque d’outre-Rhin. Certes, il y a bien cette question “identitaire”, mais on retiendra qu’à prestations comparables, la Lancia dotée du 3.0 Multijet II V6 de 190 ch en version Platinium se vend environ 10 000 euros de moins qu’une Audi A6 S Line équipée du V6 3.0 TDI de 204 ch, elle aussi en boîte automatique…

C’est toutefois au chapitre de la TVS que l’enthousiasme se pondère avec 753 €/an pour 137g/km de CO2 à l’Audi, versus 3330 €/an pour 185 g/km à la Lancia. Sur une durée de détention moyenne de 4 ans sur le segment, l’affaire est moins sexy que prévu, d’autant qu’il faudra aussi calculer la valeur résiduelle encore à définir. Ça n’est donc pas par hasard que Lancia ne prévoit que 20 % de ventes aux entreprises et 20 % aux professions libérales.

Un bon produit

Disons-le, la Thema est un produit tout à fait digne d’intérêt. Au plan dynamique d’abord, avec deux versions diesel exclusives de 190 et 239 ch, coupleux et peu bruyants, une boîte automatique à 5 rapports qui sera bientôt remplacée par une version à 8 vitesses, le modèle amiral de la flotte Lancia est une routière vive et amusante à conduire (on apprécie la direction à assistance variable), même s’il convient de savoir gérer, sur route mouillée et dégradée, le surplus de puissance délivré par un vigoureux kick-down aux roues arrière.

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Les deux tonnes de la berline bénéficient d’une suspension bien gérée et d’un amortissement suffisamment ferme pour éviter les écarts intempestifs. À bord, on remarque le travail réussi des designers qui sont parvenus à recréer l’ambiance à la fois sobre et qualitative des habitacles Lancia. Ergonomie, confort d’assise, réglages des sièges et du pédalier, qualité des matériaux (Poltrona Frau) et de l’assemblage, espace aux jambes et aux épaules pour les passagers arrière, grand écran tactile et équipement de communication complet : on peut envisager sereinement de longs déplacements à bord d’une berline proposant, en outre, un coffre d’une contenance de 462 litres.

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C’est cependant dans le domaine des équipements de sécurité active que cette Thema, par delà les habituels systèmes comme l’ABS ou l’ESC, se distingue : assistances multiples au freinage, contrôle et gestion de la vitesse et des distances de sécurité, assistance au stationnement, détection et alerte sur l’angle mort, éclairage adaptatif, etc. Parce qu’elle se veut de classe mondiale, cette Thema s’est pourvue d’atouts sérieux lui permettant – surtout sur le marché des particuliers – de rivaliser avec des concurrentes qui font parfois payer fort cher leur logo.

Axel Ekman


Lancia Thema 3.0 Multijet II V6 Jantes 18”

Puissance : 190 ch
Moteur : 6 cylindres Diesel 3 000 cm3
Couple : 440 Nm à 1 600 – 2 800 tr/mn
Vitesse maxi : ± 230 km/h

Consommation mixte : 7,1 l/100 km
Émissions CO2 : 185 g/km
TVS : 3.330 euros

Prix : 43 900 euros ttc (version Platinium)


Incompatibilité fiscale

Stéphane Labous, directeur du marketing et de la communication pour la Marque Lancia depuis août 2011, est affirmatif : “un modèle à visée mondiale comme la Thema ne peut être adapté aux fiscalités locales. Si l’on veut être pérennes sur les marchés européens, on doit d’abord se conformer aux normes fixées par la réglementation communautaire et mettre de côté les gadgets fiscaux des marchés intérieurs”.

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Il est vrai qu’arriver en Europe avec un modèle qui se veut “passe-partout” n’est pas une sinécure : “les fiscalités nationales sont autant d’exceptions qui diminuent le potentiel du marché européen et le déclassent au profit de marchés plus homogènes comme ceux de la Chine ou de l’Amérique du Nord.

En plus, on constate que les dispositions fiscales particulières ont pour effet de faire bouger constamment les segmentations européennes. C’est, par exemple, le cas en Italie avec la taxation des véhicules carburant au GPL…”. Reste à savoir, en effet, combien de temps encore les États européens pourront financer des politiques tantôt incitatives, tantôt restrictives… mais toujours mouvantes. Surtout en temps de crise !

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