Publié le 3 janvier 2017 | par Rédaction

Quatre points Clefs :

– Cartes carburant : la concurrence se développe
Les pétroliers et les grandes enseignes de distribution ne sont plus les seules à proposer des cartes carburant pour la maitrise de la dépense carburant des flottes.

– Des cartes carburant mais pour quel carburant ?
Diesel, essence, Superéthanol E85, bornes de recharge électrique… même le GNV pointent leur nez dans les stations-services.

– L’AdBlue, un « faux ami » du diesel ?
L’AdBlue qui doit sur les moteurs diesel tuer les NOx pourrait bien aussi freiner les ventes de voitures diesel dans les flottes.

– Quel mode de paiement pour succéder à la carte carburant ?
Les nouveaux système de paiement sans contact, via les mobiles et dématérialisés ne sont pas encore prêts pour succéder à la carte de paiement.

Véritable solution de gestion de flotte adaptée aux professionnels quelle que soit la taille de leur parc automobile, la carte carburant est le moyen idéal pour maîtriser le budget d’un parc automobile. Avec elle, finies les notes de frais ou de déplacement, tout est centralisé sur la même carte pour chaque collaborateur ce qui réduit la perte de temps à demander des notes pour les fournir à l’entreprise et justifier des frais. Avec une facture unique pour chacun d’eux, la récupération de la TVA devient facile et sécurisée.

1 – Cartes carburant : la concurrence se développe

Dans le parc automobile d’une entreprise, le carburant est souvent le premier poste de coût. C’est pour mieux maitriser cette dépense que la plupart des pétroliers rejoints par les grandes enseignes de distribution, mettent à la disposition des entreprises des cartes carburants. Ils sont aujourd’hui rejoints par de nouveaux prestataires.

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Le carburant est l’un des postes de coûts le plus suivi dans les parcs d’entreprises. D’abord, parce qu’il représente 15 % du TCO (coût total d’utilisation) d’un véhicule ; ensuite parce qu’il peut subir des variables importantes selon la conduite, la consommation et l’activité de l’entreprise. La seule conduite peut intervenir pour 40 % dans le fameux TCO d’un véhicule. Pour cette raison, la plupart des pétroliers et des grandes enseignes de la distribution proposent une carte carburant à leurs clients.

Principaux atouts de cette carte pétrolière : permettre aux entreprises d’éviter de faire des avances à leurs collaborateurs, éliminer les notes de frais et récupérer rapidement la TVA. Mais celles-ci permettent aussi d’optimiser leur gestion de flotte.

Mais le principal avantage des cartes carburants tient aussi dans les moyens de gestion qu’elles proposent. L’exploitation des cartes pétrolières assure en effet un allègement des taches administratives et un meilleur suivi du poste carburant de l’entreprise. Elle permettent ainsi de s’assurer que les collaborateurs en font un bon usage et qu’ils ne les utilisent pas par exemple pour faire le plein d’autres véhicules durant le week-end. Grâce aux puces dont elles sont dotées, les cartes peuvent en effet être paramétrées et autorisent un contrôle préventif des prises de carburant.

Les flottes peuvent limiter les carburants utilisables avec les cartes, mais aussi les zones géographiques ou les points de vente où elles peuvent être employées tout comme les montants maximum autorisés lors des enlèvements.

Des cartes carburant paramétrées

Si parmi les différentes offres, les services associés aux cartes carburant ainsi que les tarifs d’abonnements sont proches, le choix d’une carte aura naturellement pour premier critère le maillage et la localisation du réseau de distribution du pétrolier ou de l’enseigne. A ce titre, deux nouveaux prestataires ont pris pied sur le marché des cartes carburants pour les flottes de véhicules. Il en va ainsi de Ticket Fleet Pro, une société spécialisée dans la gestion des frais professionnels laquelle développe désormais une carte carburant acceptée dans 2 400 stations-service en France au sein des réseaux E.Leclerc, Esso Express, BP, Shell, Avia, Agip et Dyneff.

Avantage de cette nouvelle carte, des prix remisés dans certains réseaux, la garantie d’une facturation unique pour l’ensemble des transactions et une carte totalement paramétrable.

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Chaque carte relève d’un abonnement de 8 euro HT par carte auxquels s’ajoutent des frais de gestion de 2,5 % du montant total TTC de la facture. Sur un extranet, le client peut retrouver les factures, lesquelles sont envoyées par mail aux formats PDF et EDI, les alertes par mail en cas de transactions anormales et un rapport complet d’activité au format Excel envoyé tous les mois. Ce pack de services en ligne est également annoncé à 3 euros HT par mois. Celui-ci se compose d’un extranet dédié pour suivre les consommations et La carte Ticket Fleet Pro permet de
bénéficier du badge télépéage et donne accès à 300 parking en France.

DKV développe ses services

Présente dans 42 pays, la carte DKV est assimilée à une carte carburant notamment sur le marché du transport routier. Ce groupe qui gère déjà quelque 1,9 million de cartes carburant en Europe auprès de 98 000 clients et avec un réseau de 54 000 points partenaires s’est lancée l’an passé dans une offre de services destinée à la gestion des flottes d’entreprises de véhicules légers.

En France, elle peut compter sur 3 000 stations-service qui acceptent la carte DKV ; il s’agit de BP, Esso, Avia, Dyneff, le réseau E.Leclerc ainsi que 300 stations du groupe Total. Comme l’explique Jean-Christian Pouillon, responsable des partenariats locaux de DKV Euro Services, « la carte DKV permet la prise de carburant mais nous développons également à l’adresse des flottes un ensemble de services tels que le paiement de l’ensemble des péages en Europe, les tunnels, les ferries, les parkings et nous distribuons également le badge Liber-t. DKV propose également l’assistance internationale avec véhicule de remplacement, des services de lavage et d’entretien réparation. Nous avons signé des accords dans ce sens avec Point S, Feu Vert et Eurogom ».

Avec Feu Vert et Point S, DKV envisage de proposer aux entreprises un bilan de par cet une revue de pré-restitution à coût moindre avant le retour d’un véhicule chez le loueur.

Lancée l’an passé en France, la carte DKV rassemble actuellement plus de 15 % de véhicules légers en France et enregistre une progression à « deux chiffres », souligne Jean-Christian Pouillon.

Carburant Pro : Intermarché toujours en forte croissance

Chez Intermarché, Eric Theis, responsable études et projets pour la SCA Pétrole qui est la centrale d’achat carburant des Mousquetaires, souligne que son activité avec la carte Carburant Pro a enregistré une croissance de 20 % cette année. Ce qui porterait le nombre de carte Intermarché en circulation à 85 000 cartes en circulation en France. Celle-ci resterait donc à la 1ère place des cartes GMS en France et, toujours en nombre de clients, au second rang des portefeuilles clients en France.

Une progression qui résulte des nouveaux services mis en place ces derniers mois tels que la nouvelle plateforme extranet sur laquelle ses clients disposent d’un outil en ligne sur lequel ils peuvent bloquer des cartes, consulter leurs transactions et leurs factures. « Nos clients sont désormais alertés par email en cas de comportement anormal d’une de leurs cartes et reçoivent leurs factures en format « .csv » afin de les intégrer facilement dans leur logiciel de comptabilité ou de gestion de flotte, explique Eric Theis. Enfin, nos clients apprécient désormais de pouvoir commander des télébadges péages/parking avec leurs cartes. Ils profitent ainsi de tous les avantages du badge (passage plus rapide aux péages notamment) et ils bénéficient d’une facture unique pour le carburant, le péage et les parking ».

Total : des services de mobilité aussi

Toujours leader en France dans le domaine des cartes pétrolières avec deux millions de porteurs et 115 000 comptes clients, Total apporte en plus une réponse dans le domaine de la mobilité à ses clients « pro » avec le développement de l’accès à la wifi dans les stations-services, des bornes Business Pro (wifi, tablette et espace bureau). Enfin, le pétrolier poursuit le développement de son offre Total Wash (800 stations proposent le lavage) et les partenariats dans ses stations-services avec Carglass, Speedy ou la Grande Récré.

2- Des cartes carburant mais pour quel carburant ?

Le débat sur le carburant de l’avenir dans les flottes d’entreprises agite autant les pétroliers que les enseignes de la grande distribution. Diesel, essence, Superéthanol E85, bornes de recharge électrique… même le GNV pointe son nez dans les stations-services.

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Chez Total, l’heure est à la réflexion afin de répondre aux nouveaux besoins des clients. Comme l’explique Philippe Jubault, directeur cartes pétrolières en France, « le développement de notre réseau Total Access avec 700 stations nous a permis de nous démarquer par des prix bas, par un service diversifié, la qualité de nos produits et par une relation établie avec le client qui a affaire à l’exploitant et non à un automate.

En 2015, nous avons lancé une nouvelle formule du Total Excellium qui a obtenu de bons résultats auprès des détenteurs de la carte Total GR. Désormais, nous sommes également attentifs au développement attendu du GNV liquéfié ou comprimé ; nous préparons une réponse sur ce sujet tout comme nous allons apporter une réponse à la demande qui va s’exercer pour l’AdBlue ou pour la recharge de véhicule électrique. Pour l’offre de GNV, nous anticipons un besoin du marché et notamment de notre clientèle « poids lourds ». Une solution sera proposée en 2017 accompagnée du lancement d’une carte GNV destinée aux professionnels ».

Quant au diesel, Philippe Jubault indique suivre son évolution puisque, bien que dominant, sa part dans les ventes est en baisse depuis 2013 et que les modèles carburant au gazole ne représentent plus que 57 % des ventes. « Les parcs d’entreprises restent majoritairement diesel mais nous pensons que les immatriculations diesel vont diminuer surtout si une évolution du cadre fiscal est mise en place. Cela ne provoquera pas de changement sur l’utilisation de la carte GR mais aura un impact sur les infrastructures du réseau nécessitant d’adapter les capacités de stockage si une bascule rapide vers l’essence devait intervenir ».

D’autant rappelle-t-on chez Total que les prix du gazole connaissent une stagnation avec un point bas en janvier 2016 où la hausse des taxes a été compensée par une baisse des cours du pétrole passés de 110 à désormais 45 dollars le baril. Prédire l’avenir est donc difficile, c’est le cas également dans le domaine des véhicules électriques. La progression des ventes de modèles électriques est certaine. « Nous pensons qu’une grande partie des utilisateurs passeront par une recharge lente, c’est-à-dire en faisant appel aux bornes de recharge de leur domicile ou de leur lieu de travail. Nous testons donc dans les stations-services des bornes de recharge rapide pour assurer un dépannage. Nous mettons en place un maillage cohérent avec 40 bornes en place sur les autoroutes dans le cadre du programme Corridor et nous avons l’objectif de parvenir à 50 bornes à la fin de cette année, chacune avec une à deux prises », estime Philippe Jubault.

Chez Intermarché, la problématique semble être différente. L’enseigne est en veille sur ce sujet et comme le souligne Eric Theis, « la présence de bornes électriques sera plus efficace si elle se situe sur le parking du centre de distribution plutôt que sur sa station-service. Nous estimons par ailleurs que l’usage d’un véhicule électrique actuellement est plus de nature urbain que péri-urbain. Nous n’obtenons donc pas de résultat important en terme de trafic dans ce domaine ».

En revanche, ce distributeur est plus ouvert sur les carburants tels que l’E85. « Nous avons été les premiers à développer l’E85 en nombre », rappelle Eric Theis. « A notre sens, l’essence va reprendre son essor et nous sommes prêts à faire la transition avec le gazole. 96 % des flottes en VL carburent encore au diesel mais l’additif AdBlue va être un frein au développement de ce carburant ».

3 – L’AdBlue, un « faux ami » du diesel ?

L’AdBlue qui doit sur les moteurs diesel tuer les NOx pourrait bien aussi freiner les ventes de voitures diesel dans les flottes.

L’introduction de la norme Euro 6 depuis 2014 a été accompagnée de l’arrivée de l’Adblue : un additif qui est associé aux voitures utilisant la technologie SCR (Selective Catalytic Reduction) utilisée pour traiter les émissions d’oxydes d’azote (NOx). Sur les voitures aux normes Euro 6, la quantité d’Adblue consommée correspond entre environ 0,5 % à 2,5 % du gazole consommé (lié à l’environnement routier, au style de conduite et aux nombres d’arrêts « moteur tournant »). En fonction de la conduite, un appoint doit être envisagé entre 7 000 et 10 000 km. Si le réservoir d’Adblue est vide la voiture ne démarrera pas.

Mais à l’avenir, cet additif pourrait prendre une véritable importance. Pour atteindre les objectifs d’abaissement des émissions de NOx, les constructeurs automobiles expliquent que la consommation d’Adblue va augmenter sur les futurs véhicules en raison de la proportionnalité directe existant entre la consommation d’Adblue et la réduction des NOx. Si aujourd’hui, la consommation d’Adblue par un véhicule est calée et en phase avec les intervalles de vidanges tous les 20 000 à 25 000 km, avec les prochaines normes anti-pollution, les intervalles passeront entre 5 000 à 12 000 km. Chez les pétroliers comme dans les enseignes de distribution on prend cette évolution très au sérieux.

Philippe Jubault signale ainsi que Total s’investit beaucoup dans la distribution de l’AdBlue en vrac comme à la pompe. « Nous essayons d’anticiper cette demande avec 360 sites équipés mais dans nos tests, la vente en vrac d’AdBlue à la pompe est encore très faible auprès des voitures particulières. La difficulté va être d’équiper les stations-services de pompes AdBlue et dans le même temps, de constater la baisse de la demande des voitures diesel qui y auront recours ».

AdBlue, un frein pour le diesel ?

Eric Theis chez Intermarché n’est pas loin de partager cet avis. A son sens, l’AdBlue va être un frein à la poursuite du développement des ventes de diesel pour les flottes. « La vente de cet additif n’est pas compatible avec les stations ouvertes 24 h/24 et les stations AdBlue pour la distribution de ce produit en vrac à la pompe n’est justifiée que pour les poids lourds et nécessite une grosse modification de génie civil ».

En revanche, chez DKV qui dispose d’une forte clientèle poids lourds, aucune hésitation n’est avancée pour envisager la commercialisation de l’AdBlue. Pour Jean-Christian Pouillon, « depuis deux à trois ans, l’AdBlue existe pour les poids lourds et nous avons accompagné les stations-service dans leur démarche de distribution de cet additif. Nous arrivons à distinguer aisément les stations où les clients ont besoin d’AdBlue et nous savons où doivent se situer les pompes AdBlue qui doivent distribuer ce produit en vrac.

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Pour le responsable des partenariats locaux de DKV Euro Services, « les clients VL cesseront rapidement de se tourner vers l’achat de bidon d’AdBlue pour s’approvisionner à la pompe où ce produit est moins cher. Son prix en vrac est de l’ordre de 0,30 € le litre alors qu’il se situe à plusieurs euros le litre lorsqu’il est commercialisé en bidon ».

4 – Quel mode de paiement pour succéder à la carte carburant ?

Les nouveaux système de paiement sans contact, via les mobiles et dématérialisés ne sont pas encore prêts pour succéder à la carte de paiement.

Pour succéder à la carte de paiement, les annonces d’introduction de nouvelles technologies se multiplient. Mais leur application pour effectuer les prises de carburant risquent d’être tributaires de la demande des entreprises. Ainsi, chez DKV, on évoque dès 2017/2018, le développement du paiement par mobile et sans contact avec géolocalisation ; toutefois la carte DKV traditionnelle restera proposée.
De même, chez Intermarché, Eric Theis signale que « les stations de l’enseigne commencent à être équipées d’appareils bancaires permettant le paiement sans contact. Toutefois, la demande n’est pas encore là parmi nos clients ».

Chez Total, on constate que les clients sont dans l’attente d’une solution de paiement sans contact dans les stations-services. « Mais les fondamentaux de notre offre doivent rester, affirme Philippe Jubault, « c’est-à-dire la sécurité des transactions ainsi que la maitrise et la réduction des consommations. Un investissement important dans nos installations de monétique est en cours sur l’ensemble de notre réseau à destination des porteurs de cartes Total GR. La lecture de la puce demeure mais un contrôle « On Line » accentué a été mis en place. Le sans contact et la dématérialisation de la carte sont des technologies intéressantes et leur introduction dépendra de l’intérêt des clients des particuliers pour ces nouveaux services ».

Pour l’heure, une toute autre expérimentation a lieu à Berlin dans le cadre du service d’autopartage Drive Now développé par BMW. L’utilisateur d’un véhicule, via une fonction de l’ordinateur de bord, peut faire le plein sans passer en caisse. L’objectif de Total est de parvenir à 30 stations équipées à Berlin et d’élargir ce service de paiement automatique à Hambourg, Düsseldorf, Munich et Cologne avant fin 2016.

Dans les centres Leclerc enfin, le virage doit s’opérer dans les prochains mois afin de proposer à ses clients une nouvelle technologie de paiement. Une solution de paiement « dématérialisée » utilisant le smartphone du conducteur sera proposée pour le règlement des prises de carburant, indique cette enseigne. Et pour faire face à la réglementation qui interdit l’usage d’un téléphone dans les stations-service, le conducteur pourra effectuer en toute sécurité son paiement depuis l’intérieur de son véhicule.

Jean-Pierre Lagarde

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