Publié le 22 mars 2013 | par Rédaction

*Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises

Crise, évolutions fiscales pour les entreprises, bilan 2012, impressions pour l’avenir, dix mois après l’élection présidentielle de François Hollande, Jean-François Roubaud, Président de la CGPME, apporte son regard et nous livre son sentiment sur la situation des TPE/PME en France.

KME : En ce début 2013, pouvez-vous nous faire le bilan de l’année écoulée pour les TPE/PME ?

Jean-François Roubaud : Il est difficile de tirer des conclusions précises car nous sommes encore en attente des bilans. Mais on ne va pas se cacher. Il est clair que l’année 2012 a été mauvaise et plus particulièrement encore pour certains secteurs. Je pense par exemple aux entreprises de transports qui ont énormément souffert de la baisse d’activité générale. Après, il faut aussi ne pas verser dans le catastrophisme. Les premiers retours du terrain nous indiquent que 2012 n’a effectivement pas été formidable mais pas dramatique non plus. Ca ne va pas si mal.

KME : Concernant le terrain justement, pouvez-vous préciser les problèmes qui remontent en majorité ?

J.F. R. : Aujourd’hui, c’est simple la majorité des dirigeants est confrontée à une très grande difficulté de financement. L’accès au crédit s’est clairement renforcé en 2012. Je ne vais pas abreuver vos lecteurs de chiffres mais dans notre 16è baromètre décrivant le financement et l’accès au crédit des PME, l’inquiétude des entrepreneurs apparaît de façon éloquente. Un tiers des dirigeants de PME estime que la situation économique a des impacts négatifs importants sur les conditions d’accès au crédit. Pire, 71 % des PME ont déclaré connaître au moins une mesure de durcissement de la part de leur banque contre 66 % en septembre 2012. Et, 80 % des PME éprouvent toujours des difficultés à trouver des financements pour leurs investissements. En étant plus précis, on peut même découvrir que les entrepreneurs ont spontanément déclaré diminuer leurs investissements vers les équipements comme les véhicules ou l’informatique. Rien d’encourageant donc pour notre industrie automobile.

Jean-François ROUBAUD

Jean-François ROUBAUD

KME : Justement pour rester sur cette thématique automobile, que pensez-vous de l’abaissement du plafond des indemnités kilométriques à 7 cv ?

J.F. R. : Ce plafond est une ineptie. Je dirais même une erreur fondamentale car l’industrie automobile française justement n’a pas besoin de ça. C’est la fin du haut de gamme à la française. En France, j’ai l’impression que nous pratiquons l’innovation destructrice ! Je prends l’exemple de la Citroën C6, à peine était-elle créée que déjà il était question de sa disparition. En Allemagne, c’est l’opposé, les constructeurs sortent des modèles qu’ils prolongent pendant des années en les faisant bien sûr évoluer. Grâce à cette stratégie, ils entretiennent cette image de marque de haut de gamme. A cause de cette mesure, c’est simple, les politiques démontrent une nouvelle fois qu’ils ne sont pas toujours en phase avec la réalité du terrain. Car, vos lecteurs le savent mieux que quiconque, l’auto est un moyen très important pour faire plaisir et même récompenser les collaborateurs au sein d’une entreprise.

KME : Quel regard portez-vous sur les premiers pas d’Arnaud Montebourg, Ministre du redressement productif ?

J.F. R. : A la CGPME, nous nous efforçons de le former si je puis dire. Arnaud Montebourg, comme le gouvernement d’ailleurs, a découvert l’ampleur des problèmes car malheureusement il ne possédait qu’une connaissance limitée du monde de l’entreprise. L’échange actuel entre les différents acteurs est donc indispensable et je peux vous dire qu’à ce niveau, le gouvernement nous sollicite régulièrement. Grâce à cette attitude d’écoute, nous pensons pouvoir avancer dans le bon sens mais malheureusement pour nos adhérents et l’ensemble des TPE/PME, ce processus est long. Or, il y a clairement urgence.

Jean-François ROUBAUD

Jean-François ROUBAUD

KME : Vous annoncez pouvoir avancer dans le bon sens mais plusieurs mesures récentes laissent beaucoup d’entrepreneurs sceptiques au point d’envisager un départ hors de France.

J.F. R. : C’est vrai et c’est très inquiétant. Beaucoup d’entreprises notamment dans le secteur des nouvelles technologies partent par exemple pour les Etats-Unis. Et je peux vous dire qu’il sera très très difficile de les faire revenir. La fiscalité et l’image négative des patrons en France compliquent l’entreprenariat. Bon, sur la fiscalité, le progrès semble en marche puisque François Hollande a clairement promis que les règles fiscales resteraient figées lors de son mandat. Cette promesse est primordiale pour le bon fonctionnement de l’entreprise. Tous les patrons aujourd’hui freinent leurs investissements car ils ne savent pas de quoi demain sera fait. Cette inquiétude remonte du terrain tous les jours. Concernant l’image, le travail reste entier. Les patrons de PME/TPE pâtissent beaucoup des salaires astronomiques que s’octroient les dirigeants des sociétés du CAC 40 ou encore des scandales des golden parachutes. C’est d’autant plus injuste qu’un patron d’une PME comprenant entre 10 et 500 salariés gagne en moyenne 4500 euros net par mois ! En France, un peu plus de transparence ne nuirait pas. Nous devons redéfinir la règle du jeu. A la CGPME, nous voulons instaurer un coefficient multiplicateur simple calculé en fonction des niveaux de hiérarchie. Je vous donne un exemple. Si une entreprise possède trois niveaux, le patron ne devra pas toucher plus de trois fois le montant du SMIC et ainsi de suite.

Jean-François ROUBAUD

Jean-François ROUBAUD

KME : Comment envisagez-vous l’avenir à court terme ?

J.F. R. : Difficile de répondre précisément mais notre espoir est que 2014 sera un tremplin pour 2015. Aujourd’hui, il est nécessaire d’attendre encore un peu avant de porter un jugement définitif sur l’action du gouvernement. A la CGPME, nous voyons toutefois que les patrons restent méfiants devant les premières mesures. 71 % d’entre eux nous ont ainsi déclaré qu’ils n’avaient pas confiance dans le crédit d’impôt. Pourtant, comme je le vous l’expliquais à l’instant, des progrès existent. Le récent accord trouvé entre les patrons et les syndicats est un pas énorme envers la flexi-sécurité. Je vous rappelle aujourd’hui que la situation est inextricable pour les entreprises. Ces dernières voient leurs carnets de commande diminuer alors que les charges ne baissent pas. Pour beaucoup, l’unique solution est donc le licenciement. Un peu de souplesse dans ce modèle ne sera que positif.

KME : Pour conclure, quel message auriez- vous envie de transmettre à nos lecteurs ?

J.F. R. : Restez confiant et surtout optimiste. 2013 sera évidemment difficile à traverser mais en vous informant, par exemple, auprès de la CGPME, certains de vos problèmes seront résolus. Et surtout, ne restez pas seul ! La mentalité des patrons est souvent individuelle car nous avons beaucoup d’entreprises familiales qui partagent finalement peu. Il faut au contraire sortir, se regrouper, signaler les injustices. En Europe, les Allemands ou encore les Hollandais ne restent jamais isolés. Suivons leur exemple.

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